Aujourd’hui, dans une société d’images et d’apparences, il n’est pas
aisé, voire paradoxal pour l’individu, et a fortiori pour les minorités
dites visibles, de se sentir accepté, respecté, tout en voulant
affirmer sa différence, sa spécificité quand l’aspect, la forme externe
deviennent si prégnants et prétendent rendre compte de la personnalité
et du caractère individuel des personnes… Alors ces femmes fragiles
et fortes à la fois, plus encore que celles dites valides, comment
peuvent-elles s’affirmer indépendantes et séduisantes, respectées et
désirées ?
(source : HandiMarseille)
En savoir plus et sur le même thème : confection et handicap
Il n’est peut-être pas nécessaire de victimiser davantage les femmes au
sein de la société : qui doute encore qu’il existe nombre
d’inégalités entre hommes et femmes dans le traitement que l’on réserve
à chacun, qu’il s’agisse d’éducation, d’emploi, de salaire, de
répartition des tâches ménagères, de violences… ? Pourtant,
force est de constater qu’une femme ayant un handicap, au même titre
qu’une femme dite « valide » face à un homme dit
« valide », n’a pas accès aux mêmes chances, aux mêmes
opportunités qu’un homme ayant le même handicap qu’elle. Pas très
surprenant lorsque l’on a conscience des inégalités entre les sexes en
dehors de tout handicap. Mais être femme et être handicapée, ce ne
devrait pas être un double challenge...
Selon l’Organisation Mondiale des Personnes
Handicapées : « une femme handicapée rencontre diverses
limites : en tant que femme, elle est considérée comme une femme à
qui il manque quelque chose ; à ce titre, la féminité vient en
première ligne.»
Ces inégalités se chiffrent. Par exemple, le taux d’alphabétisation
mondial des adultes handicapés est de moins de 3%. Il atteint 1% dans
le cas des femmes handicapées (Étude du PNUD, 1998 – Source :
Département de l’information de l’ONU). Dans l’Union Européenne, le
taux d’emploi des femmes handicapées est de 2%, contre 36% pour les
hommes handicapés (et 55% pour les femmes non handicapées). Exemples
parlants, mais nous ne vous accablerons pas de statistiques !
Et puis, il y a l’accès aux soins : la situation en
termes de gynécologie est assez inquiétante. Le RIFH a mené l’enquête
et démontre à quel point il y a un manque en ce qui concerne les femmes
handicapées. Beaucoup de cabinets de gynécologie sont inaccessibles aux
fauteuils roulants, les tables pas toujours adaptées au handicap...
Sans compter, plus révoltant encore, l’attitude parfois méprisante des
personnels. Il semble que l’idée même de la sexualité des personnes
handicapées soit d’ailleurs un sujet qui en dérange plus d’un, et qu’on
ait tendance à vouloir en faire des êtres asexués... Infantilisation ou
angélisation ? Il n’est pas nécessaire de trancher cette question
ici. Mais force est de songer que la sexualité est aussi étroitement
liée à notre identité sexuelle, qu’il s’agisse de féminité ou de
virilité, et que si son épanouissement est entravé, tout un pan de
notre identité peut en être destabilisé…
Mais d'abord... Qu'est-ce qu'être femme ?
Quels sont nos critères pour évaluer la féminité ?
Quelle est la représentation que l'on a de la femme ? comment définir le rôle qu'on lui attribue au sein de la société ?
Qu'est-ce qui fait d'une femme, une femme ?
Quels sont les signes extérieurs de féminité ? Ses formes ?
La coquetterie ? Maquillage, coiffure, bijoux et vêtements… ?
Ou bien serait-ce plutôt les qualités “typiquement féminines”...
La sensibilité, la naïveté peut-être, la grâce, la douceur, la gentillesse… ?
Le fait d’être aux petits soins, attentionnée ? Peut-on aussi bien définir les sexes et leurs
caractéristiques ? La limite est-elle si nette entre homme et femme ?
Sommes-nous obligés d'avoir tous ou une majorité des attributs sexuels pour appartenir à l'un ou l'autre clan ?
N'y a-t-il donc aucune alternative ? Aucune variante ?
Ne peut-on posséder des traits “de l’autre sexe” sans se laisser définir par la catégorie à laquelle ils sont généralement attribués ?
Pourtant chaque femme a sa façon d’être femme, d’être féminine.
Car pour être confirmé dans notre identité, nous
dépendons toutes et tous entièrement des autres, de leur jugement, leur
regard et notamment de celui du sexe convoité… Mais aussi de nos
pairs ; de la société toute entière, des images qu'elle genère.
Mais pour parler d’identité proprement dite, de ce qu’elle a de plus
individuel et intime, et de l’impact qu’a sur elle le handicap, il faut
tenir compte aussi du moment auquel il apparaît. Dans la construction
de l’identité sexuelle ou dans la conscience que l’on a de son genre,
il est évident que l’influence du handicap ne sera pas la même selon
que l’on naît avec ou qu’il intervient en milieu de parcours (et à quel
moment de ce parcours). S’il survient au cours de la vie, cela
nécessitera de se reconstruire et de se repenser…
Et c'est toujours vrai quand on est de l'autre sexe… Les hommes aussi ont parfois du mal à assumer le regard que la société porte sur eux ou à le faire changer selon leur désir.
Votre avis
compte : Lire le texte en entier et réagir en cliquant ici |