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Un destin !
Le monde regorge de personnes atypiques qui font de leur vie une aventure permanente : c’est le cas de Gérard Fougerouse, un homme à part qui a su faire face, avec obstination, au destin. En 1969, à l’âge de 16 ans, Gérard est victime d’un accident de ski qui le rend paraplégique. Heureusement, la moelle épinière n’ayant été que compressée, il retrouve l’usage de ses jambes au bout de 3 ans et peut marcher avec l’aide d’une canne. Quelques temps plus tard, il est victime d’un accident de voiture et doit se plier à 3 ans de rééducation pour pouvoir continuer à marcher avec l’aide de deux cannes cette fois-ci. Bien qu’agile dans sa démarche, il perd l’équilibre en haut d’un escalier et se retrouve 4 ans après la fin de sa rééducation de nouveau immobilisé. Cette troisième fois lui sera fatale et le condamnera au fauteuil roulant à vie. Malgré cet acharnement du destin, Gérard ne perd pas sa rage de vivre et commence une vie d’un autre style qui va l’emmener bien plus loin qu’il ne l’aurait imaginé. Notons qu’entre temps il s’était marié. Qu’est devenue votre vie à la suite de ces accidents ?J’ai continué à vivre le mieux possible et je me suis installé dans le commerce de disques et d’accessoires. J’ai fait cela durant une dizaine d’années, mais en fauteuil roulant c’était de la folie. Parallèlement, je suis peintre amateur et j’ai eu la chance un jour de rencontrer une suissesse qui voulait à tout prix acheter l’un de mes tableaux alors même que je ne voulais pas le vendre. Devant son obstination, je lui ai proposé de me payer le tableau en échange d’un billet d’avion open pour un tour du monde. Elle a accepté et ce fut le début de mon grand périple. Quel a été ce fameux périple ?J’ai revendu mon fond de commerce et j’ai enchainé en quelques semaines New-York, Las Végas, Los Angeles, Tahiti, la Nouvelle Zélande, Djakarta, Bali, Bangkok, Prague pour, enfin, revenir à Genève. Cela faisait si longtemps que je voulais voir du pays ! Comment avez-vous vécu le retour ?Très bien, je continuais ma vie avec encore plus d’énergie et j’ai écrit un livre sur ce voyage, ce qui m’a permis de me faire connaître et de gagner un peu d’argent. Il faut dire que j’avais déjà écrit quatre romans donc, côté écriture, je me sentais à l’aise. Durant cette période, j’ai fait les marchés, je vendais tout et n’importe quoi. Ma vie privée bougeait aussi beaucoup, j’ai divorcé puis, quelques années plus tard, j’ai fait une belle rencontre avec une femme beaucoup plus jeune que moi et nous avons eu un fils. Avez-vous mis fin à vos voyages ?Pas du tout ! En 1993, je suis reparti faire le tour des Etats-Unis en fauteuil roulant. A ce moment là, je gagnais très bien ma vie grâce aux sponsors que j’avais trouvés, tels que Best Western et Hertz. J’ai donc traversé les US d’Est en Ouest en partant de la Floride pour aller jusqu’en Californie. Ce qui est sympa, c’est que l’on peut rouler facilement sur les routes car les bas côtés sont aussi goudronnés. Et puis, il n’y a personne sur les routes en dehors des villes. Pour ce voyage, je ne m’étais pas préparé plus que ça, j’avais seulement quelques aides techniques. Je n’avais rien dis à personne car j’avais peur de ne pas y arriver. Heureusement, le plus grande partie du territoire est plate. En dehors des Rocheuses, bien sûr. Il m’a fallu en tout trois mois pour faire la traversée. Cela a dû vous calmer un peu ?Pas du tout. En 1994, je suis parti au Pérou, mais ma plus grande difficulté fut de trouver des hébergements accessibles, ou alors, il fallait que je paie des hôtels très chers. C’est un énorme pays qui fait deux fois la France. Les gens sont très accueillants. Cette fois-ci, j’ai fait un film au cours du voyage. Tout comme l’année suivante lorsque, au cours d’un voyage extraordinaire au Vietnam, j’ai fait deux films tant il y a de choses à voir. Encore une fois, j’avais de sponsors et, sur place, les vietnamiens m’ont vraiment bien accueilli et beaucoup aidé. J’avais même eu un chauffeur officiel. Dans ce pays comme dans beaucoup d’autres, le regard sur le handicap est l’indifférence. Avez-vous un fil conducteur dans vos voyages ?Non, pas particulièrement, ce qui m’intéresse c’est de rencontrer des gens. Je fais une liste de ce que je veux voir et, sur place, je me débrouille pour y aller. Comment organisez-vous vos films ?Je filme la vie de tous les jours, c’est très vivant, il y a plein de choses différentes à capter.
Je vais aussi à la rencontre des gens pour filmer leur vie quotidienne et échanger avec eux. Oui, encore un très veau voyage. A l’époque il n’y avait presque pas de touristes pas rapport à aujourd’hui. J’avais financé ce voyage grâce à un échange d’images sur mes films. J’ai fait un peu de promotion pour des marques. Sur place, j’ai retrouvé un Français qui y avait élu domicile et que j’avais rencontré 15 ans plus tôt à Mont de Marsan. Grâce à lui, j’ai pu découvrir la République Dominicaine de l’intérieur. Et ensuite ?L’année suivante, je suis allé à Cuba, grâce aux conseils de ce gars. J’en ai profité pour faire un détour par la République Dominicaine et aller le voir. Cuba, c’était autre chose, je suis resté deux mois sur place et me suis rendu compte de ce que c’était que la dictature Castro. La vie sur place est particulièrement difficile. C’est un pays extraordinaire avec des gens merveilleux qui sont malheureusement pris en otage. Cette fois-ci, j’étais parti avec deux copains. Nous avions une grosse caméra et, sur place, j’avais loué un véhicule avec chauffeur pour 100 $. Concernant l’hébergement, nous n’avions pas d’autre choix que de prendre des hôtels spécifiques pour les touristes mais qui ont l’avantage d’être de plain-pied. Je suppose que vous ne vous êtes pas arrêté là ?Non, bien sûr ! A côté de chez moi, j’ai fait connaissance d’Alain, un type très sympa dont l’épouse est mexicaine. Ce fut le prétexte pour aller ensemble au Mexique. Sur place, j’ai adopté un nouveau mode de déplacement : l’ULM. C’était devenu mon moyen de visite favori. J’ai pu ainsi voir énormément de choses qui m’auraient été interdites en fauteuil. Au Mexique, les monuments, les gens, la nourriture, tout est sympa. Là-bas, le fauteuil roulant était un avantage car il attirait les gens. Vous avez ensuite décidé de changer de continent !Oui, je me suis senti attiré par la Maroc ! J’y suis parti avec une Citroën Méhari que j’ai achetée à un jeune du coin et que j’ai faite aménager avec l’aide du Méhari Club de Dijon. C’est avec eux que j’ai fait mon premier raid dans le désert. J’ai eu beaucoup de soucis avec ma voiture, heureusement qu’ils étaient là. Ce pays m’a vraiment marqué, j’y ai fait des rencontres extraordinaires. Retour en Asie !Oui, je suis ensuite parti en Thaïlande durant 3 semaines. C’est un pays très sympathique et très agréable, fidèle à sa réputation. C’est véritablement le pays numéro 1 du tourisme mais, même handicapé, tu dois te « démerder » seul. Retour au Maroc, un pays qui vous plaît vraiment !Effectivement, je suis retourné au Maroc avec ma Méhari que j’avais totalement modifiée pour être tranquille.
J’étais avec les méharistes du Méhari Club de Dijon. Nous sommes restés trois semaines dont trois jours complets dans le désert. On peut le dire, car l’année d’après, je suis allé au Togo puis au Gana ou j’ai fait aussi des films.
Sur place, j’ai rencontré un expert mondial des papillons qui ne vit que de son expertise. Il vivait en pleine montagne dans un endroit très sauvage.
Je n’ai pas pu y passer la nuit pour des raisons de confort, à mon grand regret, mais cette rencontre m’a marqué. Oui, cette fois, je suis allé au Laos. J’y ai retrouvé un pote, Raphael, lui aussi paraplégique, qui passait ses vacances là-bas. Ce pays reste très sauvage, c’est un peu la Thaïlande d’il y a 50 ans. Sur place, les hôtels étaient le plus gros problème. La relation avec les gens est bizarre, ils sont curieux mais très distants et ça reste creux. L’année dernière, l’Afrique du Sud !Oui, fin 2007, je suis parti en Afrique du Sud avec mon fils de 10 ans. C’est un voyage que je lui avais promis de longue date. Nous avons fait tous les grands parcs et sommes même allés en Zambie. Ce pays est un mélange d’Australie et d’Amérique du Nord. Il y a beaucoup de choses prévues pour les personnes handicapées, c’est très agréable. Nous avons visité non sans émotion le parc Kruger qui est grand comme la Suisse. Seule précaution, nous devons toujours rester dans nos véhicules au cours des safaris. Il y a énormément d’animaux, nous sommes quelquefois restés plus d’un quart d’heure bloqués par des buffles. Dans le parc, il y a des hôtels bungalows, dont certains sont réservés pour les personnes handicapées. Mais attention il faut obligatoirement réserver ! En Zambie, nous sommes allés voir les chutes Victoria qui sont véritablement monstrueuses. Nous avons eu la chance de les survoler en hélicoptère, une ballade à faire à tout prix. Et pour finir, cette année, le Brésil !Un pays aussi qui mérite le déplacement : je suis allé à Sao Paulo, puis aux chutes d’Iguaçu et, enfin, à Belém qui est une ville extraordinaire. Sur place, je voyageais toujours en avion grâce à un billet Pass. J’ai rencontré un Marseillais installé sur place qui m’a vivement mis en garde quant à l’insécurité. Des personnes louent des flingues à la soirée pour dévaliser les voitures qui s’arrêtent au feu rouge. Si c’est le cas, il faut tout donner car la vie ne vaut rien. Il faut donc se promener avec le moins de choses possibles sur soi. Je me suis fait agresser au Brésil et, en Côte d’Ivoire, je n’en menais pas large par rapport à la guerre. Que faite-vous de toutes les images réalisées ?Une fois en France, je fais des montages avec mon propre matériel informatique pour réaliser des DVD que je vends sur mon site. C’est un très gros travail qui me prend environ deux mois par DVD : mais c’est devenu une source de revenus pour financer en partie mes prochains voyages et contribuer à l’Association A.I.P.M.R. (Aide Internationnal aux Personnes à Mobilité Réduite) que j’ai fondée pour venir en aide aux personnes handicapées dans différents pays comme le Maroc. Je vends aussi mes DVD sur des marchés et lors de conférences sur mes voyages. source: interview Handirect |
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